Qu’est-ce que l’automédication?
L’automédication est un traitement médicamenteux pris sans avis médical, sans consultation, sans prescription médicale. Cela est possible parce que de nombreux médicaments dans les officines sont en vente libre et accessibles à tous. ‘’ Il suffit de demander et vous l’avez !’’. De cette définition, vous constaterez avec moi que nous faisons assez d’automédication au point où cela devient inquiétant.
Quand est-ce que nous faisons de l’automédication ?
Nous allons ensemble identifier les cas où nous faisons de l’automédication. Nous restons persuadés que chacun de nous se retrouvera dans l’un de ces cas.
Nous faisons de l’automédication lorsque nous décidons nous-même de la prise d’un médicament sans toutefois être sûr qu’il soit indiqué pour le mal dont nous souffrons. Cet acte sous-entend que nous ne demandons l’avis ni du médecin, ni du pharmacien. Nous décidons nous-même que c’est ce produit qu’il nous faut et qu’il soulagera sans aucun doute le mal dont nous souffrons.
Nous faisons de l’automédication lorsque nous utilisons des produits pharmaceutiques prescrits une fois pour un traitement. Et lorsque nous ressentons des symptômes similaires, nous décidons de reprendre les mêmes médicaments pour se soigner. Or, ces nouveaux symptômes peuvent être la cause d’une nouvelle maladie qui ne nécessite pas forcément la prise des anciens médicaments. Il est important de savoir que certains signes ne sont pas spécifiques à une maladie précise. Ils entrent en compte dans le diagnostic de plusieurs pathologies à la fois. Ce sont des signes cliniques généraux.
Nous faisons de l’automédication lorsque nous écoutons un voisin ou une connaissance, qui n’est pas un professionnel de santé et, parce qu’il ou elle a utilisé un médicament pour soulager un mal, nous le conseille en disant qu’il soulagera aussi notre mal. Les symptômes peuvent être les mêmes mais l’origine du mal bien différente.
Ce dernier cas est très fréquent. Il est important de briser cette chaîne et de faire comprendre aux uns et aux autres que tout le monde ne peut pas conseiller ou prescrire des produits médicamenteux. C’est une erreur de prendre pour parole d’évangile ce qui se raconte parce que généralement, ces informations sont erronées. Il faut toujours demander l’avis de son médecin ou de son pharmacien.
Pourquoi l’automédication peut tuer ?
1- Un médicament mal utilisé est nuisible à la santé
La majorité des médicaments obtenus par automédication sont mal utilisés. Il n’y a pas de suivi proprement dit. Or, un médicament mal utilisé est nuisible à la santé.
Qu’est ce qu’on entend par mal utiliser un médicament ? Comprenons par là : ne pas avoir besoin de médicaments et en prendre quand même, utiliser des médicaments qui n’ont pas pour indication le mal dont nous souffrons, ne pas respecter les jours de traitement, les doses à administrer ou encore ne pas suivre les règles de bonne conservation du produit. Cette dernière règle peut banalement dégrader le produit et le rendre inefficace. La conséquence est un échec thérapeutique.
Par exemple, certaines suspensions, après préparation, doivent être conservées au frais pendant 7 jours. Après ce délai, le produit ne doit plus être utilisé.
2- La résistance bactérienne, une urgence sanitaire mondiale
L’automédication peut conduire à une résistance bactérienne. Les antibiotiques sont indexés car le fait de mal les utiliser fait que ceux-ci ne sont plus efficaces pour lutter contre les infections. Si nous n’avons plus d’antibiotiques efficaces sous la main, nous sommes simplement exposés à la mort. Il urge donc de faire comprendre aux uns et aux autres que les antibiotiques font énormément de dégâts et que nous nous devons de les utiliser de manière rationnelle.
L’automédication peut créer un dysfonctionnement organique ou sensoriel c’est-à-dire un mauvais fonctionnement de certains organes due à l’utilisation des médicaments dont vous ne maîtrisez pas forcément les effets. Ces effets sont indésirables car non souhaités avec un impact négatif sur la santé. Par exemple, une hypoglycémie sévère chez un sujet diabétique ayant l’habitude de soigner son paludisme avec la quinine chaque deux semaines.
3- Les enfants et la toxicité des médicaments
Chez les enfants, certains médicaments sont généralement très toxiques surtout lorsque la posologie n’est pas respectée. C’est le cas du paracétamol. C’est un médicament accessible à tous, sujet de nombreuses automédications. Le paracétamol, chez les enfants, se donne en fonction du poids rigoureusement; pareil pour les antipaludiques. Ne pas en tenir compte, expose à une négligence , un surdosage ou sous dosage pour le traitement, ce qui peut conduire à un échec thérapeutique.
4- Automédication et urgence
L’automédication peut conduire à un choc anaphylactique suite à la prise d’un médicament susceptible de provoquer une allergie. Le sujet ne doit pas prendre ces médicaments mais par ignorance, il les prend et le résultat , c’est l’hôpital. Son organisme ne les tolère pas.
C’est le cas de l’usage des antibiotiques sulfamides qui occasionne une réaction allergique très grave chez certaines personnes telle que des brûlures cutanées.
Comment l’automédication peut-elle être profitable ?
Dans notre contexte de vie quotidienne, il est urgent de sensibiliser sur les effets néfastes de certaines pratiques liées à l’automédication et de circonscrire cette pratique.
Le pharmacien est le professionnel de santé qui connaît le mieux les médicaments. Étant celui qui est le plus en contact avec la population du fait de la dispensation des médicaments, il peut essayer de cadrer au mieux l’automédication. Il doit être présent au comptoir afin de s’assurer du bon travail de ses collaborateurs. Le pharmacien, avec toute son expérience, est apte à poser les questions nécessaires pour voir si la demande peut être satisfaite ou pas. Si le produit demandé pour telle maladie ou telle plainte est utile ou pas. Au besoin, le pharmacien vous éclaire sur vos inquiétudes et vous oriente vers un médecin. le pharmacien, avec toutes ses connaissances, pourra vous expliquer comment utiliser le produit, pendant combien de jours, quand l’arrêter, et quels sont les effets indésirables éventuels qui peuvent subvenir. Il évite ainsi quelques écarts de conduite et l’usage irrationnel des médicaments.
Pour finir, comprenons qu’aucun symptôme, aucun signe n’est à banaliser. Absolument aucun. En matière de santé, il faut faire confiance à ceux là qui sont aptes à nous prendre en charge et à nous conseiller sur la prise ou non de médicaments. Il est formellement déconseillé de s’aventurer sur ce terrain inconnu.
Ces informations découlent de constats, de faits réels vécus en officine. Face à ce laisser-aller, nous avons jugé bon d’en parler pour sensibiliser et apporter la bonne information sur l’automédication et ses risques.
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